À Marseille, l’école Lacordaire scolarise en internat dans un cadre exceptionnel — Enseignement Catholique de Marseille

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À Marseille, l’école Lacordaire scolarise en internat dans un cadre exceptionnel

 

Par Pierre Saint-Gilles - Publié le 28/04/2022 à 09:56, Mis à jour le 28/04/2022 à 15:11 - Le Figaro en ligne

REPORTAGE - C’est un havre de paix dans les quartiers nord de Marseille. L’école Lacordaire a été fondée par les Dominicains il y a plus de 100 ans.

À Lacordaire, il n’y a pas que la devise en latin «juventuti veritas» (À la jeunesse, la Vérité) qui rappelle le lien avec l’ordre des Prêcheurs (les Dominicains). L’uniforme - pantalon noir et chemise blanche- porté indistinctement par les filles et les garçons dans les grandes occasions reprend les couleurs de la robe des religieux à l’origine de cette école centenaire. L’architecture des bâtiments, posés au milieu d’un terrain arboré de plus de cinq hectares, évoque un monastère toscan. Un havre de paix dans ce grand arrondissement des quartiers nord qui abrite des cités difficiles. «Ce cadre exceptionnel participe au bien-être des élèves et des adultes qui les accompagnent. Adultes qui ne sont pas que des enseignants», tient à préciser Pierre-Jean Collomb, directeur de l’école depuis 2009. Car à Lacordaire (100 % de réussite au bac, 97 % de mentions en 2021), qui compte un internat de 170 lycéens, rien n’est sous-traité. Les 120 professeurs représentent la moitié seulement de l’effectif qui a la charge des 1550 élèves répartis entre le CP et la terminale.

L’uniforme porté dans les grandes occasions (ici l’état-major qui participe à la vie de l’établissement). Lacordaire

Conflits familiaux, dépendance aux écrans… L’internat revient en force : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/conflits-familiaux-dependance-aux-ecrans-l-internat-revient-en-force-20220330

Cette école est un lieu d’apprentissage mais surtout un lieu de vie. Les journées à Lacordaire sont à rallonge. L’étude étant obligatoire, personne ne quitte l’établissement avant 18h30. Et de nombreux élèves externes ou demi-pensionnaires choisissent de prolonger ce moment propice aux révisions en s’installant dans les salles de l’internat. Ceux qui y logent 6 jours sur 7 ont en effet l’obligation de travailler jusqu’à 20h45. «On s’y entraide en petits groupes et il n’est pas rare que des professeurs s’attardent. En dehors des soirs de matchs de l’OM, il y a toujours du monde», confirme un élève de terminale. Les garçons et les filles sont logés dans des bâtiments différents. Les grands dortoirs du siècle dernier n’y sont plus de mise, remplacés par des chambres pour deux. Petit-déjeuner copieux servi entre 7h et 8h. À midi, déjeuner avec tous les élèves. Dîner le soir entre les deux études de 18h30 à 19h15. Des horaires stricts mais bien acceptés par les internes. Richard Maby, qui habite à Avignon et dont la fille a intégré l’internat au lycée, en loue les vertus pédagogiques et humaines. «Il y a de très nombreuses activités le soir qui lui ont permis de créer du lien. De se faire des amis. La première année à Lacordaire, elle était dernière de sa classe avec 7 de moyenne. En terminale, elle a 16. Surtout elle est heureuse et bien dans sa peau.»

 

Les internes travaillent jusqu’à 20h45

N’évoquez pas devant le directeur la problématique élitiste des écoles privées qui, à l’inverse du public, feraient le tri au fil des ans pour ne garder que les meilleurs élèves. «Nous avons une pyramide inversée. 150 élèves en primaire. 650 en collège. 700 en lycée. Nous recrutons à chaque étape», pointe-t-il. Reste le rythme de travail et l’émulation permanente. «Ceux qui n’adhèrent pas au système préfèrent en sortir», reconnaît un ancien élève qui a vu un de ses trois enfants préférer passer sa première et sa terminale au lycée public Thiers. «Ce n’était pas un mauvais calcul car il a poursuivi en prépa dans ce même établissement». Lacordaire, en effet, ne compte pas de préparation aux grandes écoles. «C’est un choix, pas un handicap, revendique Pierre-Jean Collomb. Et 60% de nos élèves, le bac en poche, suivront un tel cursus. Sortir de Lacordaire ouvre toutes les portes.» Le directeur note surtout une évolution dans les aspirations des jeunes. Réputée pour sa filière scientifique, l’école doit s’ouvrir de plus en plus sur l’économie, les sciences sociales, les lettres mais aussi les langues étrangères. «Sur 230 élèves de terminale, une bonne vingtaine va vouloir poursuivre des études à l’étranger. Le Covid a accentué ce phénomène.»

 

Au sein de l’état-major, les élèves sont responsabilisés

Autre singularité de Lacordaire, un mode de gouvernance qui place l’élève au centre. Si Pierre-Jean Collomb réfute la notion de cogestion pour définir le rôle de ce qui est devenu une véritable institution au sein de l’établissement, il lui reconnaît de nombreuses vertus, «notamment de susciter l’émulation en première et en terminale». L’élection des représentants des élèves donne lieu à une véritable campagne électorale. Faire partie de l’état-major signifie en effet que l’on va représenter l’école dans toutes les manifestations extérieures au même titre que le directeur. Un peu comme des adjoints au maire, les délégués se répartissent les différents domaines qui touchent la vie de Lacordaire: entretien des bâtiments ou du parc, équipements sportifs, matériel, mais aussi actions culturelles, artistiques et surtout… Organisation des fêtes - postes les plus courus. Pendant le Covid, l’état-major a permis d’ajuster en permanence les moyens afin de rester opérationnel hors les murs. Une première en 94 ans!

 

Des aides financières pour les boursiers

Le prix de la scolarité en internat est de 8000 euros par an. Mais depuis 2014, Lacordaire s’est doté d’un fonds de dotation pour accompagner les élèves en situation économique précaire. Les donateurs sont d’anciens élèves, des parents d’élèves mais aussi des entreprises. 160.000 euros débloqués chaque année constituent un apport financier pour 80 boursiers, dont le bénéfice peut perdurer au-delà du bac, pour le supérieur. «Nous avons des élèves méritants qui sans cette aide n’auraient pas pu être scolarisés ici, ni plus tard poursuivre leurs études», se félicite le directeur.